Rencontre avec Jean-Baptiste Griesmar, dirigeant de l’agence azuréenne spécialisée dans la valorisation du patrimoine existant et qui réalise actuellement les nouveaux bâtiments de la brasserie du Comté à Saint-Martin Vésubie.
Quels sont le profil et l’histoire de votre entreprise ?
Après l’école d’architecture de Marseille j’ai démarré le métier en 2004, avant de fonder l’agence en 2009 à Nice. Après avoir réalisé quelques villas privées, nous nous sommes rapidement orientés sur les concours publics. Nous avons ainsi emporté l’accord-cadre des bâtiments de la ville de Nice : des écoles, des crèches, dont une première en France : le projet « Espoir » mené conjointement par le CHU et la ville pour accueillir des enfants polyhandicapés. Côté bailleurs sociaux, nous avons emporté un client d’envergure nationale : Adoma-CDC Habitat, pour qui nous avons réalisé la résidence Bellevue à Cap-d’Ail, inaugurée il y a un an. Dans notre domaine de prédilection, le patrimoine, nous avons gagné ces dernières années la rénovation de l’église anglicane de la Buffa à Nice, ainsi que celle du presbytère de Levens inauguré en décembre 2021, ou encore l’église de Saint-Martin du Var.
Quelle est votre valeur ajoutée ?
Notre agence s’est spécialisée dans le patrimoine existant, la réhabilitation en site occupé : aujourd’hui, nous ne faisons pratiquement jamais de bâtiments neufs. Plutôt que de bétonner ce qui reste comme terrains agricoles, nous préférons reconstruire la ville sur elle-même. Nous jouons pleinement la carte de la réutilisation des matériaux issus de la déconstruction. A titre d’exemple, nous ne travaillons qu’avec un seul promoteur qui achète ce qu’on appelle du « foncier aérien », au-dessus de bâtiments existants à Nice ou Cannes. Nous sommes également attachés à mener des projets avec une fibre développement durable forte, pour participer au développement de la biodiversité en ville.
Nous avons aussi créé une filiale spécialisée dans le BIM : la modélisation des informations du bâtiment. On a par exemple modélisé tout le patrimoine de l’Université, ou encore le futur hôtel de Police de Nice, dans l’ancien hôpital Saint-Roch. Nous avons par ailleurs une seconde filiale qui s’appelle « Pilot », dédiée au pilotage de chantier et à l’optimisation du réemploi de matériaux.
Quelles sont vos priorités pour 2022 ?
Notre agence va s’investir sur plusieurs beaux projets cette année, notamment dans ce département auquel nous sommes très attachés. Dans le domaine scolaire et la petite enfance, nous réalisons la future école d’Auron.
Nous allons aussi à l’extérieur du 06 : sur Sedan, nous participons à la reconstruction du centre-ville avec un programme de logement sur 10.000 m2. Enfin, et c’est une fierté, nous contribuons depuis trois ans à la reconstruction des vallées impactées en 2020 par la tempête Alex. La Brasserie du Comté, emblème de la résilience du tissu économique de la vallée de la Vésubie, nous a confié la réalisation de sa nouvelle usine. Pour ce projet, nous associons au maximum les entreprises, les artisans locaux : là-haut il reste beaucoup à faire pour relancer l’économie. Nous y prenons donc notre part, c’est essentiel pour notre façon d’aborder le métier, basé sur un ancrage local fort.
En 2022, nous entendons consolider notre savoir-faire car nous avons beaucoup grossi ces dernières années, avec 15 personnes à l’agence actuellement, même si dans notre secteur il est devenu compliqué de recruter : il y a une vraie pénurie de main-d’œuvre. Nous allons aussi accélérer encore plus sur le BIM et la réutilisation des matériaux, car c’est ça, l’avenir. Enfin à titre personnel, je continue à m’investir dans l’Ordre à l’échelon régional (3000 architectes sur 6 départements) : depuis 2017 j’en suis le trésorier.
Votre devise de dirigeant d’entreprise ?
Faire moins, mais très bien, plutôt que d’essayer de tout faire… Et de ne pas le faire !