Pour mener à bien son projet entrepreneurial, faire le choix d’un financement adéquat est la condition sine qua non à sa réussite. Les méthodes disponibles, qu’elles soient classiques ou plus innovantes, comportent des avantages et des inconvénients qui ne sont pas les mêmes en fonction de votre profil. Obtenir un prêt pour financer son projet d’entreprise ou son évolution est aussi un risque pour son indépendance. D’où l’importance de peser le pour et le contre et d’opter pour un équilibre entre les fonds reçus et leurs contraintes.
De quoi avez-vous besoin pour développer votre entreprise ?
Un besoin de financement ne se limite pas à un capital de départ. Un projet d’entreprise nécessite, tout au long de sa croissance, des liquidités pour :
- Satisfaire les besoins matériels de son entreprise (installation, aménagement, informatique, tout comme la location des bâtiments, etc.).
- Satisfaire les besoins immatériels (brevets, licences, et tout ce qui est nécessaire à la recherche et au développement).
- L’ensemble des sommes à dépenser pour le marketing, la publicité.
- Le développement à l’international.
- Sans oublier, plus globalement, vos besoins constants de trésorerie, à la fois pour équilibrer les décaissements et les encaissements, les non-paiements des clients, et faire face à des imprévus conjoncturels.
Chacune de ces raisons peut amener à opter pour un financement différent, en fonction de sa nature et de son urgence. Il n’y a donc pas de hiérarchie dans toutes les méthodes disponibles, tout dépend de votre besoin à l’instant T.
Le financement bancaire : le plus classique
Pour les besoins matériels (et parfois pour certains besoins immatériels comme l’achat d’un fonds de commerce ou le droit au bail) l’emprunt bancaire reste la solution la plus avantageuse actuellement en raison des taux d’intérêt bas. Car si les banques restent néanmoins prudentes, elles prêtent aux TPE et aux PME. De plus, présenter son projet en priorité à une banque permet aussi d’en tester la viabilité.
Bpifrance, accélérateur de TPE/PME
Si vous avez réussi à convaincre votre banquier, la somme prêtée ne couvre peut-être pas l’ensemble de vos besoins pour mener à bien votre projet. Avec sa large gamme de dispositifs, Bpifrance (Banque Publique d’Investissement) est un soutien important des petites et moyennes entreprises et des entreprises innovantes. Elle intervient par exemple en complément d’un prêt bancaire ou, notamment, en soutien de quasi fonds propres (comme un apport en capital des actionnaires par exemple).
Ses prêts évoluent en fonction des besoins. Actuellement, Bpi propose, entre autres, le “Prêt French-Fab Croissance” visant à financer l’accroissement des capacités industrielles françaises. Elle peut ainsi prêter de 500 000 à 5 millions d’euros sur une durée de 3 à 10 ans.
Elle investit aussi dans des prêts à portée régionale. Le “Prêt de développement Territorial” permet ainsi de compléter son prêt bancaire avec une somme allant de 10 000 à 300 000 € en partenariat avec les collectivités territoriales. Il s’agit ainsi pour les entreprises de se développer avec le soutien financier de leur territoire.
Les prêts d’honneur
Autre possibilité, également couplée à un prêt bancaire : les prêts d’honneur. Il s’agit de prêts à taux zéro permettant aussi de rassurer les banques. Ils sont délivrés par des réseaux associatifs spécialisés tels qu’Entreprendre ou Initiative France. Le montant avoisine le plus souvent 10 000 € pour le réseau Initiative France et 50 000 € pour le Réseau Entreprendre, à rembourser sur une période de 5 ans. Ce qui laisse le temps de développer son projet.
Si, faute de financement bancaire, vous n’êtes pas éligible au prêt d’honneur, vous pouvez explorer une demande de microcrédit auprès de l’ADIE. Un autre organisme qui octroie des microcrédits est Créa-Sol .
Les autres aides publiques
Il existe par ailleurs de très nombreuses aides publiques qui permettent généralement de compléter un premier financement.
Le site CCI les Aides.fr vous indique les aides spécifiques en fonction de votre région, et selon la raison de votre besoin de financement. Ainsi, de la création à la reprise, de l’innovation à l’éco-développement, jusqu’à la transmission, toutes les raisons amenant à un besoin de financement sont présentes.
En cherchant par exemple une aide pour l’innovation pour une entreprise située à Nice, pas moins de 79 possibilités ressortent après avoir donné des informations précises sur son projet. S’agissant souvent d’appels à projets et de concours, ils offrent une belle vitrine pour son entreprise. Les aides publiques bénéficient en effet toujours d’une promotion et/ou d’une couverture médiatique, ne serait-ce que localement.
Il existe une aide publique, au moins complémentaire, pour tous les types de projets !
Les fonds d’investissement et les business angels
Il existe de nombreux fonds d’investissement dédiés aux PME, généralistes (comme ACG Management, Turenne Capital, Sofimac, Sofipaca etc.) et sectoriels (First pour la santé, Demeter dans le développement durable), ainsi que des business angels, qui prennent alors la position d’actionnaires minoritaires le plus souvent.
Les sommes engagées sont souvent plus importantes au fur et à mesure des avancées de l’entreprise. Mieux vaut donc avoir déjà quelques clients et des produits commercialisés avant de faire appel à eux. Cela permet aussi de garder la main sur son développement avant de lever les fonds nécessaires à son expansion à l’international par exemple.
Le “love money” ou la collecte de fonds auprès de vos proches
Avec ou sans un prêt bancaire, il y a une formule de financement qui continue de profiter à de nombreuses entreprises en devenir ou en activité : la collecte de fonds dans son entourage. D’autant plus qu’elle ouvre à des avantages fiscaux (18% d’abattement dans une limite de 50 000 € pour une personne célibataire, veuve ou divorcée, 100 000 € pour un couple marié ou pacsé).
Ce que l’on appelle le plus souvent « love money », ou « capital de proximité » en bon français, permet de réunir de l’argent directement issu de la générosité de sa famille et de ses amis. Les montants sont souvent petits, mais les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, cela peut représenter une somme importante. Attention, cette forme de financement nécessite néanmoins d’être cadrée. Il est ainsi conseillé, en plus de l’inscrire dans les statuts de l’entreprise, de signer un pacte d’actionnaires, précisant le nom de l’ensemble des investisseurs. S’il s’agit d’un prêt, la signature d’une reconnaissance de dette est fortement conseillée.
Les membres de votre famille peuvent par ailleurs investir dans votre entreprise sans payer de droits jusqu’à un certain montant.
Zoom sur le crowdfunding : avantages et inconvénients
Au-delà du réseau proche, le crowdfunding (ou financement participatif) permet de mobiliser autour de votre projet une communauté. Le crowdfunding est désormais un moyen de financement alternatif, qui vient en complément des sources de financement classiques. Il peut vous permettre d’allier la collecte des fonds avec une campagne de communication sur le web. Et cela, tout en donnant la possibilité aux donneurs et aux investisseurs d’obtenir dans la plupart des cas des contreparties, en nature ou financières.
Le financement participatif a pour but de convaincre une majorité de personnes de la pertinence de votre projet et de l’importance de leur aide pour parvenir à sa réussite. Si vous arrivez à « créer le buzz », la jauge peut monter rapidement.
Vous pouvez ainsi proposer un projet sur une plateforme de crowdfunding, généraliste ou thématique, et demander aux internautes de vous aider à le réaliser. Il existe aujourd’hui de nombreux opérateurs de crowdfunding avec une offre très diversifiée en dons, en prêts et en capital :
- Les plateformes généralistes (comme KissKissBankBank, Les Entrepréteurs, Tudigo, WeShareBonds, We Do Good) : il faudra montrer comment votre projet sort du lot, soit concernant son importance économique sur un territoire, ou bien parce qu’il crée des emplois, etc.
- Sur une plateforme thématique : l’intérêt pour les donneurs et pour les investisseurs porte sur des domaines bien spécifiques, par exemple BlueBees ou Miimosa pour les projets agricoles et agroalimentaires, Lendosphere ou Lita pour les projets dans les énergies renouvelables, Anaxago à dominante immobilière, Zeste pour les projets issus de l’économie sociale et solidaire, etc.
Néanmoins, le crowdfunding n’a pas que des avantages En effet, si vous souhaitez qu’il réussisse, vous allez devoir investir énormément de temps qui ne sera pas dévolu au cœur de votre projet. De plus, le crowdfunding (sauf dans le cadre de dons) est finalement plus coûteux qu’un prêt bancaire, puisque vous devrez investir sur la communication (réaliser une vidéo notamment pour plus d’impact) et, si l’investissement s’est fait sous la forme de prêts, vous devrez payer les intérêts.
Mobilisation des créances
La mobilisation des créances regroupe diverses méthodes pour éviter les trous de trésorerie : l’escompte, le bordereau Dailly, l’affacturage et même le découvert qui peut être bien utile dans certaines circonstances.
L’affacturage, par exemple, est un financement à court terme qui permet de confier à une société spécialisée, appelée le factor, la prise en charge du paiement en avance des factures. Celles-ci sont ensuite remboursées par les clients au factor. Il existe également l’affacturage inversé, où le client valide un bon à payer et permet à l’entreprise de se financer en récupérant les montants en avance, toujours grâce à un factor.
Comme vous le constatez, il n’y a heureusement pas qu’une seule option pour financer ses projets de développement ou pour maintenir à flot sa trésorerie. Mais il est essentiel de les étudier et surtout de les combiner, pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier…
Faites le bon choix de financement grâce à la CCI Nice Côte d’Azur
Pour vous aider à trouver le bon financement et concrétiser votre projet, la CCI Nice Côte d’Azur propose des accompagnements sur-mesure pour :
- Élaborer votre stratégie de financement ;
- Rechercher les financements adaptés à vos projets ;
- Constituer votre dossier ;
- Vous préparer face aux financeurs.
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Valeria MAZZUCATO